Carte interactive de notre voyage "La Birmanie à vélo" en janvier 2012


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La Birmanie, le Pays aux Mille Pagodes
Retour d'expérience sur notre voyage en Birmanie (article initialement posté sur le forum www.voyageforum.com)

Je poste ce message suite à notre voyage à vélo de 3 semaines au Myanmar (Birmanie) effectué du 6 au 28 janvier 2012 ma femme et moi (circuit Yangon-Inlé-Mandalay-Bagan-Yangon). J'espère pouvoir apporter des conseils à d'autres cyclo-voyageurs et aussi fournir des infos précises que j'aurai bien aimé trouver avant de partir!

Tout d'abord, n'hésitez pas, allez-y! C'est un pays fascinant et merveilleux, accueil exceptionnel! Faire du vélo est tout à fait possible au Myanmar (si vos vélos sont solides et que vous n'avez pas peur des routes défoncées ni de la poussière).

LES VELOS
D'un point de vue pratique, nous avions décidé d'envoyer nos propres vélos sur place, et nous n'avons pas regretté ce choix: vélos bien arrivés à l'aller et au retour, zéro frais supplémentaires pour l'avion, c'est très agréable d'avoir son propre vélo sur place.
voir mon msg relatif à l'envoi des vélos: http://voyageforum.com/v.f?post=4718118#4718118
Les vélos qu'on a vu sur place à la location ne me paraissaient pas adaptés à un grand périple car ce sont plutôt des vélos de ville; mais bon on n'a pas non plus cherché, vu qu'on avait les nôtres :-). J'avais un VTT, ma femme un VTC (un peu trop lourd?)

LE TERRAIN
Le climat est très sec en janvier, nuit 20°C jour 30°C. Soleil constant du matin au soir. Fraicheur matinale en montagne (10-15°C). Les routes sont vraiment mauvaises (sur le circuit que nous avons choisi ci-dessous), mais toujours praticables (asphalte ou cailloux ou piste ou sable). Pas besoin de pneus à crampons. Suspensions indispensables. On passe son temps à éviter les bosses, trous, nids de poule, sable, donc la vitesse moyenne à vélo est très lente: 10-15 km/h. Seul le trajet Kyaukse-Mandalay est lisse, ailleurs c'est le shaker!

L'ITINERAIRE
Le souhait initial pour notre voyage était de découvrir la Birmanie, certains de ses sites célèbres, mais aussi de se plonger au coeur du pays loin des circuits touristiques, et c'est là tout l'intérêt du vélo.
Notre itinéraire était modeste au vu de la taille du pays, mais je le conseille néanmoins pour une première découverte "tranquille" du Myanmar à vélo:
J1: arrivée en avion à Yangon, remontage des vélos à l'aéroport, liaison de 20km aéroport/centre ville à vélo (le choc!), puis 2 jours sur place à Yangon.
J3-J4: Voyage de nuit de 13h en bus avec les vélos dans la soute, entre Yangon-Shwenyaung à 11km du lac Inlé, hébergement à Nyaungshwe.
J5-J6: Derniers règlages vélos, visites et balades cyclistes en tout sens autour du lac Inlé. Se laisser du temps au lac car l'endroit est magnifique, décontracté, idéal à vélo. Balade aussi d'une journée sur le lac en louant une pirogue à moteur et son chauffeur.
J7: Vélo Lac Inlé - Kalaw. 60 km. Beaucoup de circulation, fortes montées.
J8: Vélo Kalaw - Pindaya. 50 km dans des paysages de haut plateaux agricoles et vallonnés. Superbe.
J9: Vélo Pindaya - Ywa Ngan. 75km. Retour en arrière sur 15 km depuis Pindaya, puis entrée dans la Birmanie profonde vers Ywa Ngan. Route valonnée de haut plateaux et de montagnes à une altitude de 1300m. Magnifique. Nuit à Ywa Ngan (Guest House "Schwegugu", la seule du village apparement).
J10: Vélo Ywa Ngan - Kyaukse. 85 km. Eprouvant. Routes défoncées à volonté, beaucoup de petites montées, une descente vertigineuse de 1200 m; mais étape fantastique, la plus belle de notre séjour: silence, paysages montagneux, vues panoramiques, on roule dans la jungle, contact avec une population qui ne voit quasi jamais de touristes. Paysages après Myo Gyi grandioses.
J11: Kyaukse - Mandalay. 50 km, très roulants. Passage avec les vélos sur le pont U Bein. Momment exceptionnel.
J12-J13: Hébergement à Mandalay. Visite de Mandalay à vélo, ainsi que jusqu'à Inwa le lendemain.
J14: Vélo Mandalay - Myingyan. 110 km. Long et désertique. Hébergement dans l'hôtel "Kaung Kaung" à la sortie de la ville, très cher (40000K) et lieu louche, mais propre et spacieux.
J15: Vélo Myingyan - Bagan (New Bagan). 75 km
J16-J17-J18: repos et détente à Bagan, visite du site (immense) à vélo dans tous les sens.
J19-J20: retour par bus de nuit Bagan-Yangon (12 h), liaison entre la gare routière de Yangon et le centre ville à vélo.
J21: détente à Yangon, visite et préparation des vélos pour le retour.
J22: retour en avion.
On aurai pu en faire plus à vélo, avec moins de temps à Mandalay et Bagan et par exemple au retour à Yangon se prévoir qq jours pour l'aller-retour au Rocher d'Or, mais on a laissé tomber pour que le séjour soit synonyme de "vacances" et non de "performance". La Birmanie est un pays décontracté, ne stressons pas! (je parle des gens, pas du régime politique qui prive les habitants de beaucoup de choses).

BUDGET
C'est écrit partout, il faut emmener du cash. Sur place tout compris (hébergements, repas, eau, droits d'entrées, souvenirs) à deux nous avons dépensé 400¤ + 764$. Ne sont pas inclus là-dedans l'hôtel des deux premiers jours et du dernier à Yangon que nous avions réservés auparavant par internet depuis la France. Donc environ 500¤ par personne tout compris sur place. C'est finalement assez bon marché. On a vécu sans se priver, mais sans fréquenter les complexes touristiques luxueux qui se trouvent un peu partout près des grands site, ni les restaurants occidentaux (à quoi bon?).
Changer des euros se fait sans pb dans les grandes villes, mais il ne faut plus aller au marché noir comme l'indiquaient encore les guides de 2011
A l'aéroport de Yangon on a eu le meilleur taux de change: 1 ¤ = 1030 K
A Mandalay: 1 ¤ = 1000 K à la banque
A Bagan, on était à sec et on a changé des dollars dans une boutique de souvenirs: 1$ = 760 K
Trajet Yangon-Inlé en bus: 13000K par personne, plus 10000K de supplément pour un vélo.
Retour Bagan - Yangon en bus: 15000K par pers, plus 9000K un vélo.
1 bouteille d'eau : 200 à 400 K. Un plat "riz frit avec légumes" = 1500K. Un Cola local: 300K
Se déplacer à vélo vous fera faire de substancielles économies!
Les billets que vous emmènerez doivent être VRAIMENT IMPECABLES. Ne faites pas de compromis, demandez à votre banque des billets neufs. On a eu des difficultés avec des dollars un peu usés.

CONSEILS
-préparez-vous psychologiquement aux routes défoncées (ça fatigue le shaker) ainsi que vos vélos. Comment décrire les routes?? Ah oui: imaginez que vous deviez rouler sur la route d'accès à une carrière qui aurait été parcourue par des tanks?
-la poussière est vraiment omniprésente: prévoyez un foulard, de la lessive et des habits qui se lavent aisément
-prevoir des boules quiès, il y a souvent du bruit dans les hotels, sans parler des haut-parleurs diffusant des chants religieux à 5h du mat!
-routes "propres", une seule crevaison (une épine d'accacia)
-pour les carte, j'en conseille une seule: Marque "Nelles", échelle 1:1350000, 8.50¤ au VieuxCampeur. Dessus il y a aussi des encarts avec plans détaillés des environs de Yangon, Yangon downtown, Mandalay, Bagan, etc. Et si vous le pouvez, je vous conseille d'investir dans un petit GPS. J'en ai fait l'acquisition (Dakota 20 de Garmin) et il nous a été très utile: il est possible de scanner la carte papier du pays + de tous les endroits visités, et de les incorporer dans le GPS via Google Earth. TRES utile, très pratique pour se situer, trouver son chemin, retrouver son hotel, visiter Bagan? Idéal à vélo, surtout qu'il existe un petit adaptateur pour le fixer sur le guidon.
-on trouve à manger partout, ainsi que de l'eau en bouteille. Tout se paye en Kyats dans les zones non touristiques (prévoir suffisamment, change peu probable au coeur des montagnes), mais sinon les dollars sont demandés dans les hôtels.
-Sinon, accueil exceptionnel de la population, surtout dans les coins reculés. Pas de harcèlement marchand (sauf Bagan), enthousiasme, gentillesse omniprésente, pas d'insécurité, pas de vols. J'ai cassé ma vis de tige de selle en plein milieu de nulle part? et 3 km plus loin nous avons trouvé de jeunes birmans réparateurs de motos qui m'ont dépanné en 15 min!

Voilà, en fin de compte je dirais que le Myanmar à vélo ça se fait assez facilement, si vous êtes routards débrouillards vous n'aurez pas de difficultés à vous plonger dans ce pays vraiment exceptionnel. A votre tour!

Bagan, temple de That Bin Nyu
à Bagan, devant le temple de That Bin Nyu

Dans la pagode Schwedagon, l'âme des Birmans
(texte composé par Anne en 2017 pour l'atelier d'écriture 'Les Arte-Mots')

Le soleil allait bientôt se coucher, ses couleurs rose-orangées se mêlaient au bleu laiteux des ciels crépusculaires des villes du Sud et se diffusaient entre les feuilles des arbres offrant une dernière source lumineuse avant la tombée de la nuit. L'odeur des frangipaniers se mêlait à celle des plats mitonnés des derniers vendeurs ambulants, qui allaient bientôt éteindre leur petit feu et rentrer chez eux. La vapeur qui se dégageait des woks montait vers le ciel jusqu'aux rares nuages épars, qui faisaient redescendre une douce brise vespérale. Les branches et les feuilles s'agitaient et semblaient susurrer une mélodie jusqu'à mes oreilles « Viens, viens, viens ».
Oui j'allais venir, je voulais la voir ou plutôt la revoir. Son appel était doux et enivrant, presque superficiel puisque j'allais venir. Je ne hâtais pas mon pas, elle était là depuis longtemps, bien avant moi, elle sera encore là à la nuit tombée, puis demain, puis après demain. Elle sera encore là quand je ne serais plus.
A son approche la brise du soir, ayant endossée le rôle de messager modifia ses vocalises et me chuchota tendrement : « N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures ».
Comme d'autres venus à sa rencontre, je déposais mes chaussures dans un petit casier de bois numéroté. La majorité était déjà occupée par des veilles tongs ou sandales, usées, élimées, le chemin qu'elles avaient parcouru avait dû être long.
Un enfant me regarda, il vit en moi peut-être son repas du soir, son salaire. J'étais touriste, j'avais le physique du riche, de celui qui est né au bon endroit. Il espérait devenir le gardien de mes chaussures contre quelques piécettes et je lui donnais ce que ses compatriotes m'avaient offert les semaines précédentes, un sourire plein de sérénité et de bienveillance. Un peu surpris il me rendit la pareille sans s'en offusquer, qu'importe si mes chaussures ne seraient plus là mon retour.
Je montais calmement les marches de l'immense escalier, elles étaient tièdes et agréables sous mes pieds poussiéreux, elles avaient emmagasiné toutes la chaleur du soleil durant la journée qu'elles restituaient lentement. A chaque pas je fermais les yeux et me rappelais le contact de la peau nue sur le sol :
Je me souvenais de l'émotion lorsque je foulais le sable mouillé d'une plage où la vague a vite fait d'effacer mes empreintes, comme si elle les emmenait pour les restituer ailleurs. De celle dans l'herbe humide où mes pieds s'hydratent comme s'ils étaient les racines d'une plante. De cette sensation des petits cailloux qui piquent sous la plante des pieds pour rappeler que les moments désagréables existent aussi. J'avais un cours instant voyagé en moi pour ouvrir mon c½ur à celle qui me laissait aborder son âme.
Au sommet de la colline elle était là, devant moi, la Pagode Shwedagon, énigmatique, majestueuse et sûre d'elle. J'étais à ses pieds, bouche bée, elle me fascinait tout comme elle attirait à la façon d'un aimant les fidèles venus chercher la protection des dieux. J'avais l'impression qu'elle aspirait l'âme de ses visiteurs pour la restituer pêle-mêle par l'éblouissement de ces reflets d'or. Ce lieu m'apaisait, je faisais la paix avec moi-même tout en me nourrissant de ce que la pagode m'offrait, l'âme des Birmans. Comment pouvais-je décrire ce que je ressentais ici, alors que Kipling avait déjà eu tant de mal à le décrire dans ces lettres d'orient ? Sous son dôme d'or elle restait un mystère et le silence qui régnait dégageait une sensation de sérénité et de bien-être. On m'invita à bruler un bâton d'encens, l'odeur m'emplit de spiritualité, même si je ne savais pas à qui je dédiais cette offrande céleste. A un enfant, à un vieillard, à une femme, à un homme, à un pauvre, à un riche, à un prisonnier, à un tortionnaire ? Qui étais-je pour en juger ? Je ne comprenais pas grand-chose aux rites, mais je fus reconnaissante que les fidèles m'y associent pour ma dernière soirée passée dans ce pays.
Demain je quitterai la Birmanie, je passerai un premier portique de sécurité, sous le regard inquisiteur d'un douanier, pendant que mon passeport sera scruté par son supérieur hiérarchique avec la même minutie nécessaire à un diamantaire pour évaluer la pureté des pierres précieuses. Mes bagages seront fouillés pour être sûr que je ne ramène rien d'illicite de ce pays. Comment pourraient-ils comprendre, comment pourraient-ils voir, affairés à leur tâche monotone et journalière, ce que je ramènerai ? J'avais fait dans mon c½ur une petite place pour emporter un peu de cette âme des Birmans, qu'ils m'avaient offerte avec leurs sourires, leurs rires, leurs doutes. Cela aucun contrôle de sécurité ne sera capable de le voir, tout comme les douaniers avaient été incapables de voir mes malles emplies d'inquiétude et de peur à l'entrée de ce pays si mystérieux.

Paya Shwedagon, Yangoon
à Yangoon, les ors de la Paya Shwedagon à la tombée de la nuit
minipatte.gif© Bumerle 2012